Orthographe standard  comalorale

L'autre façon d'écrire le français

L'autre façon d'écrire le fransai

A l'ombre des jeunes filles en fleur

Nous redescendions la côte ; alors nous croisions, la montant à pied, à bicyclette, en carriole ou en voiture, quelqu’une de ces créatures – fleurs de la belle journée, mais qui ne sont pas comme les fleurs des champs, car chacune recèle quelque chause qui n’est pas dans une autre et qui empêchera que nous puissions contenter avec ses pareilles le désir qu’elle a fait naître en nous – quelque fille de ferme poussant sa vache ou à demi couchée sur une charrette, quelque fille de boutiquier en promenade, quelque élégante demoiselle assise sur le strapontin d’un landau, en face de ses parents. Certes Bloch m’avait ouvert une ère nouvelle et avait changé pour moi la valeur de la vie, le jour où il m’avait appris que les rêves que j’avais promenés solitairement du côté de Méséglise quand je souhaitais que passât une paysanne que je prendrais dans mes bras, n’étaient pas une chimère qui ne correspondait à rien d’extérieur à moi, mais que toutes les filles qu’on rencontrait, villageoises ou demoiselles, étaient toutes prêtes à en exaucer de pareils. Et dussé-je, maintenant que j’étais souffrant et ne sortais pas seul, ne jamais pouvoir faire l’amour avec elles, j’étais tout de même heureux comme un enfant né dans une prison ou dans un hôpital et qui, ayant cru longtemps que l’organisme humain ne peut digérer que du pain sec et des médicaments, a appris tout d’un coup que les pêches, les abricots, le raisin, ne sont pas une simple parure de la campagne, mais des aliments délicieux et assimilables. Même si son geôlier ou son garde-malade ne lui permettent pas de cueillir ces beaux fruits, le monde cependant lui paraît meilleur et l’existence plus clémente. Car un désir nous semble plus beau, nous nous appuyons à lui avec plus de confiance quand nous savons qu’en dehors de nous la réalité s’y conforme, même si pour nous il n’est pas réalisable. Et nous pensons avec plus de joie à une vie où, à condition que nous écartions pour un instant de notre pensée le petit obstacle accidentel et particulier qui nous empêche personnellement de le faire, nous pouvons nous imaginer l’assouvissant. Pour les belles filles qui passaient, du jour où j’avais su que leurs joues pouvaient être embrassées, j’étais devenu curieux de leur âme. Et l’univers m’avait paru plus intéressant.

A l'ombre dé geune fille an fleure

Nou redéçandion la caute ; alore nou croision, la montan a pié, a biciclète, an cariole ou an voiture, quelqu’une de sé créature – fleure de la bèle journé, mai qui ne son pa come lé fleure dé chan, care chacune recèle quelque chause qui n’ai pa danz une autre é qui ampèchera que nou puicion contanté avèque sé pareille le désire qu’èle a fai nètre an nou – quelque fille de ferme pouçan sa vache ou a demi couché sure une charète, quelque fille de boutiquié an promenade, quelque élégante demoisèle acise sure le strapontin d’un landau, an face de sé paran. Serte Bloch m’avait ouvère une ère nouvèle é avai changé poure moi la valeure de la vi, le joure ou ile m’avait apri que lé rève que j’avai promené solitèreman du coté de Méséglise can ge souétai que paça une péisane que ge prandrai dan mé bra, n’étai pas une chimère qui ne corespondai a rien d’ecstérieure a moi, mai que toute lé fille qu’on rancontrai, vilajoise ou demoisèle, étai toute prète a an exocé de pareille. É ducé-ge, mintenan que j’étai soufran é ne sortai pa seule, ne jamai pouvoire fère l’amoure avèque èle, j’étai tou de mème ereu come un anfan né danz une prison ou danz un opitale é qui, éyan cru lontan que l’organisme umin ne peu digéré que du pin sèque é dé médicaman, a apri tou d’un cou que lé pèche, lés abricau, le raisin, ne son pas une simple parure de la campagne, mai dés aliman délicieu é acimilable. Mème si son jolié ou son garde-malade ne lui permète pa de queyire sé bau frui, le monde sepandan lui parai méyeure é l’existanse plu clémante. Care un désire nou samble plu bau, nou nous apuiyon a lui avèque pluce de confianse can nou savon qu’an deore de nou la réalité s’y conforme, mème si poure nou ile n’ai pa réalisable. É nou panson avèque pluce de joi a une vi ou, a condicion que nous écartion poure un instan de notre pansé le petit opstacle acsidantèle é particulié qui nous ampèche personèleman de le fère, nou pouvon nous imaginé l’açouviçan. Poure lé bèle fille qui paçai, du joure ou j’avai su que leure jou pouvait ètre ambracé, j’étai devenu curieu de leure ame. É l’univère m’avai paru plus intéréçan.